N'Djamena, Tchad   art-creativie@artistetchadienne.org

Femme au Tchad: Des idées en ébullition permanente

Hamza Ben Hassan est un Docteur en économie. Il est quinquagénaire, tchadien, diplômé en Sciences Economiques et Bancaires. M. Hamza est marié père de famille. Il passe régulièrement du temps dans son bureau que nous appelons plutôt un laboratoire où des réflexions constructives crépitent de sa cocotte minute en ébullition permanente. Artistes, communicateurs, jeunes et âgés ont fait de se son labo est point de rencontre où des idées non seulement créatives mais porteuses trouvent leur existence.

Père et mari, l’économiste et communicateur qui compte au sein de sa fratrie plus de voie féminine, partage avec « artistetchadienne » ses impressions sur la question du genre au Tchad.

Le problème de genre

A la fois oui et non, le problème de genre existe au Tchad. Mais que vous soyez au Tchad en France, au japon ou ailleurs, il s’agit avant tout d’un problème universel qu’on trouve presqu’un peu partout et dans le mon entier. Nous sommes dans un pays où le problème de genre existe mais il est voilé d’une certaine manière. En même temps on ne peut pas affirmer que le Tchad est un pays des machistes où la femme n’est pas respectée.

Le Tchad est un immense melting pot social où on trouve plusieurs groupes ethniques. Selon chaque organisation sociale et chez certains groupe ethnique et zone géographique c’est une configuration sociale de fois matriarcale qui régit la société. Pour le docteur qui a beaucoup voyagé à travers des pays et des livres qu’il avait lus, il existe des pays qui ont fait des efforts considérables et qui ont enregistré du progrès sur le genre en exemple des pays scandinaves. Ceci est un ensemble de résultats d’efforts progressifs et des stratégies qui avaient porté leurs fruits. Mais cela ne signifie pas que ces Etats n’ont pas connu des conditions similaires à celles des pays moins avancés sur la question.

Une action collective

L’imposition de la loi est un bon élément de départ mais ce n’est pas suffisant. Il faut agir aussi sur les mœurs et l’éducation. Certes, cela prendra du temps car vu le cliché du Tchad, il y a encore beaucoup à faire. Nous ne devons pas hésiter de composer avec nos cultures. Au Tchad et partout dans le monde l’autorité dans certains cas, est toujours exercée par l’homme. Évidemment, par instinct l’être humain n’aime pas céder son pouvoir. Toutefois nous sommes sur le bon chemin. Le Tchad a beaucoup avancé. Avec le temps, il a accordé beaucoup d’espace à la femme tchadienne. « Nous avons des femmes médecins, ingénieurs, etc. Il n’existe pas de métiers où les femmes sont exclues. S’il existe, je l’ignore. Il y a beaucoup plus des femmes dans les instances de décisions qu’il y avait de cela quelques années plutôt. »

Culture, anthropologie et société

Il n’est pas sans ignorer qu’il existe des femmes qui sont machistes, des femmes qui affirment que tel responsabilité ou tel travail n’est pas fait pour sa soeur. C’est culturel. Il faut surtout éviter de confondre le problème de genre aux problèmes d’équilibre social de nos foyers conjugaux, l’éducation de nos enfants et les rapports des couples. La situation est subtile. Elle est à la fois anthropologique, sociale et interreligieuse. Bref, un ensemble d’éléments.

Le Tchad ne peut pas être considéré comme un pays où la femme n’a pas de place. Au contraire, elle a de la place. La tchadienne doit prendre conscience de ses acquis et des possibilités que lui offre son pays car les bases sont présentes.

A présent il faut beaucoup travailler sur la sensibilisation des femmes car on ne peut pas obtenir du progrès dans ce sens sans l’instruction. C’est indispensable. La prise de conscience vaut autant qu’un prestigieux diplôme. Il faut instruire, sensibiliser et éduquer nos enfants à la base. Pour tout développement, la structuration est utile.

« Il faut aussi qu’on aide nos sœurs, car beaucoup ont pris des initiatives pour entreprendre. Nous devons les aider à travers des actions de renforcements de capacité, les emmener à être partie prenante dans une chaine de valeur d’un tissus quelconque. L’accent doit être mis au niveau de l’éducation, de la formation, la sensibilisation et la conscientisation ».

Les violences basées sur le genre au Tchad

« Faire du mal aux personnes vulnérables, ne fait pas partie de la fibre tchadienne. Dans la culture tchadienne, la femme, les enfants et les personnes âgées sont normalement, protégés par la société. Les crimes suscitent constamment des émotions au Tchad et cela témoigne clairement que notre société ne tolère pas de telles situations. Cependant toute société comme une autre est viscérale et se métamorphose à travers les mixités, les mobilités ou à travers des supports de diffusions ou de transmission d’informations de quelques natures que ce soit.

Beaucoup de raisons peuvent expliquer les agissements d’un criminel. Sûrement, il y a quelque chose qui n’a pas marché dans sa tête. Il y a une étrangeté qui se dégage de leur acte et parfois de leurs regards. Se sont des personnes « malades ». Certains seraient sous l’influence des psychotropes ou d’autres excitants consommés. D’autres seraient motivés par des croyances mystiques qui font miroiter la richesse aux moyens obscurs. Tuer de sang froid une mère qui se rend à la messe pour sa prière, est une chose grave. Ces actes doivent nous interpeller. Aussi, ils nous poussent à nous interroger sur l’évolution de notre société et en même temps réfléchir sur les méthodes pour y remédier.

Texte et photos : Salma Khalil