N'Djamena, Tchad   art-creativie@artistetchadienne.org

Les Guérangués, peuples du Guera, habitent dans le centre Sud du Tchad. Dans une des langues de cette magnifique region montagneuse, Guera signifie maison, abri ou refuge.  D’ailleurs cette terre, symbolique de l’originalité spirituelle tchadienne, tire son nom d’une montagne dénommée le mont-Guera. Curieuse correlation entre montagne et maison. Surtout que ces massifs ont toujours servit d’abris à ce peuple  habitant les hauteurs  des massifs pour palier aux dangers naturels et les razzias des empires musulmans.

Bien que désignés officiellement par l’appellation « Hadjaraï » en arabe, qui fut repris plus tard par l’administration coloniale française, ensuite admis par les génération suivante,  ce terme ne véhicule pourtant pas les mêmes principes et valeurs que portent l’appellation originelle « Guérangué » comme  se nomment nos aînés. Il convient donc de favoriser le terme guérangué au lieu de Hadjaraï/hadjaray.

Cette désignation qui associe intimement le fils ou bien la fille du Guera à sa montagne,  prends sa source même au coeur des valeurs ancestrales remontant au lointain. Les montagnes au Guera, représentent la sacralisé, havre de notre spiritualité, la Margaï.

Pour les populations d’Amérique centrale, le mot Margay renvoie à un félin nocturne de la taille d’un chat et très agile. Bien que symbolisée par de nombreuses représentations parmi lesquelles la Mitchala ou panthère en français, notre spiritualité explore un champs très vaste de notre univers. 

L’invisible et le visible font partie de la spiritualité Margaï. La cosmologie de cette spiritualité qui alimentait les guérangués repose sur la notion d’énergie, de vibration, de lien et d’interconnexion entre le vivant et son environnement.

Je vous convie à découvrir à découvrir ici, la Margaï de chez nous, les bidiyo. Elle est expliquée par mon père, le professeur Khalil Alio dans son oeuvre intitulé Lexique Bidiya et réalisé en collaboration avec le professeur Herrmann Jungraithmayr. Nous, les bidiyo, faisons partie de cette constellation communautaires qui relie les différents groupes sociaux constituant les guérangué.

Publication /Frankfurt am Main: Klostermann, 1989 (Frankfurter wissenschaftliche Reihe.

Le culte Margay, chez moi, s’appelle le bad’o. Il est largement pratiqué autrefois bien avant l’introduction de l’Islam dans la region du Guera.

Les noms des villages, clans et Margaï se rapportent généralement soit à l’environnement, soit à un événement important, ancien ou récent.

Les villages sont désignés du nom des montagnes à proximité desquelles ils ont été bâtis. Il semble aussi que le nom des montagnes corresponde au nom de fondation de l’ethnie bidiya ou d’un clan particulier. Cette fondation est représentée par un foyer appelé « margaï » formé de trois pierres rondes, qui représentent le père, la mère et l’enfant.  Ce sont des pierres sacrées qui auraient été projetées par la foudre. Elles sont réunies par le chef de terre, qui. Se charge de les déposer dans la montagne après avoir baptisé la fondation d’un nom qui désignera désormais le clan et la montagne. C’est ainsi que le nom de la montagne est assimilé à celui du clan, et, dans une certaines mesure, à celui du village.

Les clans peuvent aussi porter les noms d’arbres sacrés, des plantes  médicinales ou d’autres éléments naturels tels que le sable et l’eau. Aucun clan bidiyo ne doit son nom à un animal autre que des oiseaux.

Seul le chef spirituel ou le détenteur de la margaï peuvent lui attribuer un nom; il s’avère donc impossible de les connaître tous et d’en obtenir l’exacte signification. La margaï peut être mâle ou femelle. C’est elle qui choisit son « cheval », c’est à dire la personne en qui elle se révèle et par laquelle elle manifeste ses prophéties et ses exigences. Comme io a été constaté chez d’autres groupes hadjaraï, il existe aussi chez les Bidiye une hiérarchie parmi les marais, la margaï ethnique Tédmé couvre tout le pays bidiyo; la margaï des clns; puis les marais familiales ou individuelles.