Fils de Alio et de Anizela, Khalil naquit le 15 octobre 1951 à Fort-Lamy. Il est le Cadet d’une famille de 12 enfants. De père ancien combattant de la seconde guerre mondiale reconvertit en agent de la Garde Nationale à Adré, Khalil fréquente l’école primaire et en 1966 il entrai au Lycée National Franco-arabe d’Abéché situé à l’est du Tchad. Ses professeurs étaient majoritairement des Français pour toutes les matières, a l’exception de l’anglais enseigne par les Américains. La langue arabe était enseignée par des Libanais et des Tchadiens.
Au Lycée, très tôt il s’était intéressé aux langues, particulièrement l’anglais. Un jour un touriste Australien ne parlant aucun mot de Français, arriva dans la ville d’Abéché et c’était sur lui que le choix était porté au Lycée pour servir de traducteur.
En 1973, il obtint son Bac A4 Série Lettres et entre à l’Université du Tchad au Département d’anglais. De 1975 à 1976 il s’envole en Angleterre pour un séjour linguistique au Colchester English Study Center (CESC) installé dans la ville de Colchester. C’est une branche de l’Université d’Oxford qui accueillait les ressortissants de plusieurs pays, y compris les pays d’Afrique francophone.
Il obtint la licence en 1977 et intègre la fonction publique en qualité de professeur licencié par l’arrêté N°775 puis amorce son parcours professionnel le 26 septembre 1977 avec un certificat de prise de service n°940/LNF au lycée féminin et au Collège Sacré-Cœur.
Inscrit en année de Maitrise en 1978 en Linguistique Générale il sort major de la promotion et bénéficie d’une bourse d’étude octroyée par l’organisme Américain USAID pour la DEA en Linguistique Africaine à l’Université d’Ibadan au Nigeria. Après une année académique de 1978 – 1979 en juin 1979 il obtint son diplôme et rentre au Tchad.
A partir de la fin de l’année 1979 jusqu’à mars 1980, il était recruté comme assistant à l’Université du Tchad et nommé chef du Département d’anglais. Il sera contraint de quitter le Tchad, trois mois après l’éclatement de la guerre civile entre Goukouni Wedeye et Hisseine Habré annonçant la guerre de 9 mois. Il était parti comme réfugié au Nigeria. De 1982 à 1987 Il était parti en Allemagne pour faire son doctorat. L’ayant obtenu en 1987, il regagna le Nigeria car ne pouvant plus retourner au Tchad à cause des hostilités entre Habré et les Hadjaraye.
Le choix était porté sur sa personne pour diriger le Bureau du Mouvement pour le Salut National du Tchad (MOSANAT) à Maiduguri. Ce qui lui a valu d’être avec son épouse l’objet de menaces permanentes de la part du Directeur de la DDS en personne et du Commissaire Central de la ville de N’Djamena.
Après la chute du régime Habré, il retrouve enfin son pays natal et occupe successivement les postes du Secrétaire General de la Commission Nationale Tchadienne pour l’Unesco, Vice-recteur de l’Université de N’Djamena et ensuite Recteur. En 2013, alors qu’il était Doyen de la Faculté des langues, lettres, arts et communication (FLLAC) de l’université de N’Djamena, il était accusé de tentative de coup d’Etat ensuite mis aux arrêts. Il sera plus tard innocenté et libéré par le tribunal.
Devenu secrétaire scientifique de l’Ecole doctorale lettres, sciences humaines et sociales, Il pilota de nombreux travaux scientifiques et accompagna des étudiants en soutenances de mémoire.
Khalil Alio opte pour sa carrière d’enseignant-chercheur au détriment de la politique et atteint brillamment son objectif, celui de mener sa carrière jusqu’au plus haut niveau : il est devenu Professeur Titulaire dans le système du CAMES, le grade le plus élevé dans l’Enseignement Supérieur.
l’homme qui dédia sa vie à l’enseignement s’éteint le 30 octobre 2022.
Polyglotte et maniant à perfection le français, l’anglais, l’allemand, l’arabe littéraire ainsi que quelques langues africaines (arabe dialectal tchadien, haoussa, swahili, fulfulde), Khalil Alio a été aussi membre de nombreuses organisations.
De 1980 – 1992 il a été Coresponsable de l’Equipe des langues tchadiennes ;
De 1980 – 2006 il a été Représentant du Tchad pour le Centre Régionale de Recherche et de Documentation des Traditions Orales et des Langues Africaines (CERDOTOLA), Yaoundé, Cameroun ;
Et depuis 1987 :
Chercheur associé au Laboratoire des Langues et Civilisations à Tradition Orale (LACITO-CNRS), Paris ;
Chercheur associé à l’Institut des Sciences des Langues Africaines de l’Université Johann Wolfgang Goethe de Francfort, Allemagne ;
Chercheur du Réseau Méga-Tchad : Paris – Bayreuth.
Chercheur du Laboratoire Chadic Word Catalog Marburg (Allemagne);
Membre de l’Association Connaissance du Tchad, N’Djamena (Tchad);
Membre du Conseil d’Administration du Bureau Tchadien du Droit d’Auteur (BUTDRA), N’Djaména, Tchad ;
Secrétaire Général de l’Association pour le Développement du Canton Bidiyo (ADECAB), (Guéra, Tchad);
Secrétaire Général du Centre de Recherche en Anthropologie et Sciences Humaines (CRASH), N’Djaména, Tchad ;