N'Djamena, Tchad   art-creativie@artistetchadienne.org
Coalition de lutte contre les violences basées sur le genre au Tchad

Droit des femmes au Tchad: Naissance d’une nouvelle coalition pour lutter contre les violences basées sur le genre au Tchad

Joëlle Kerl-Kochanski, auteur du livre anthropologique sur les violences faites aux femmes au Tchad, précise dans ses écrits, la  singularité  et le raffinement qui particularisent la nature de ces violences perpétrées contre la femme.

De la capitale aux régions reculées du pays les férocités sont d’actualités et certaines images et témoignages donnent des frissons. Pourtant quatre ans après la spectaculaire affaire Zouhoura, le sujet de viol est toujour à la une. Ces derniers jours, encore, la recrudescence de l’insécurité est devenue si inquiétante que l’Etat a pris des mesures pour renforcer la sécurité parmi lesquelles, l’interdiction de la circulation des moto-taxis au delà de 23H.

Rappelons que durant le mois de février, plusieurs assassinats et viols avaient été perpétrés à N’Djaména dont celui de Mme Mopi Celestine, qui se rendait à l’aube à la messe. Quelque jours plustard la police a arrêté ses bourreaux . Puis une autre citoyenne violée et tuée à son tour, des jours après. La particularité de la violence à laquelle elle a été victime, s’est distinguée par un billet de 2000 Fcfa, froissé et forcé  dans sa bouche. Une autre encore a été battue sauvagement par un matériel contendant qui lui a laissé des zebrures sanguinolentes sur la peau. Son bourreau lui aussi, a été finalement arrêté. A cela s’ajoute l’épouse tuée par son mari par un couteau.

Cette alarmante situation a poussé des femmes tchadiennes, artistes, militantes des Droits Humains, la maison de la femme et membres des organisations de la société civile à créer une coalition pour répondre à ce problème social et surtout pour mieux lutter contre ce phénomène. Ainsi on peut identifier parmi ces femmes engagées, le groupe Matania, les musiciennes Geneviève Matibey, Mounira Mitchala, Yasmine Abdalla, la rappeuse Crasy Missy et Mécombé Thérèse de l’Association des Femmes Juristes du Tchad.

Un point de presse a été animé le 28 février 2020 à la MNA (Maison Nationale de femme) en vue d’interpeller les leaders toute catégorie confondue, politiciens, religieux, businessmen, artistes, société civiles, chef de carré, les communes en vue d’engager des actions coordonnées.

Une chanson intitulée « Plus jamais ça » a été enregistrée par les musiciennes.

Ces crimes nous interrogent sur la nature de l’effervescence de cette brutalité qui pourtant existent dans la société et qui est souvent passée, autrefois, sous silence parfois par les communautés. Les feminicides ont toujours comme point de démarrage des actes de violences verbales qui se transforment progressivement en brutalité corporelles. D’ailleurs certaines personnes se vantent que dans leur communauté « Celui qui ne bat pas sa femme, ne l’aime pas ». Autre encore d’ajouter, « Chez nous l’homme dispose d’un bâton  pour rééduquer sa femme. Il le détient le jour même du mariage ».  Ou des phrases de type « Chez nous c’est avec la chicotte à base de peau d’hippopotame que le mari frappe sa femme ».

Souvent quand la femme ou la fille se rebelle et retourne chez ses parents, elle est souvent renvoyée dans son foyer, accompagnée des mots tels « Sois patiente » ou « Tant qu’il te donne à manger et à boire, tu dois rester et lui obéir ». Une banalisation de la violence qui pourtant porte gravement atteinte au bien-être familial et au développement de notre pays et sur tous les plans.

Textes: Salma Khalil