La manifestation pour Zouhoura au delà de l’aspect prise de conscience, a manifestement fait ressurgir l’esprit artistique des tchadiens. Vidéo sur les réseaux sociaux, création graphique, ont été les vecteurs des mots et de la colère.
Ce matin-là, à l’entrée de la concession de l’héroïne, j’ai été avant tout surprise par l’ambiance à la fois solidaire et artistique qui animait la cour. Il y avait certes, du monde mais un plus au fond, des femmes, toutes âges confondus, s’activant à imprimer traditionnellement les supports de leur communication. Peinture rouge, marqueur, ciseaux, toutes se sont mises au travail. Les unes impriment les empreintes de leur main sur les vêtements des autres, pendant que certaines se servent des marqueurs pour inscrire leur message. Une infographie simple avec des phrases courtes ont suffit pour signer cet engagement contre la violence faite aux femmes. Certaines n’hésitent pas à plonger leurs mains dans les peintures rouges pour ensuite les marquer sur le t-shirt blanc. « Nous avons choisi la couleur rouge car elle exprime clairement notre message. Nous sommes en colère et indignées. C’est une couleur forte et exprime aussi le sang qui est un élément fondamental dans l’honneur » affirme une jeune manifestante. En tant que moi-même artiste et ayant participé à la campagne bring back our girl à travers des séries photos en collaboration avec la photographe nigériane Jumoke Sanwo, J’ai été saisi par la mobilisation de mes sœurs qui n’ont laissé aucun détail pour faire passer leur message.
L’art a été présent dans les expressions au Tchad notamment à travers la caricature et les photographies publiées dans la presse. Lors de la manifestation Zouhoura, l’art graphique a non seulement contribué à la prise de cette conscience mais a aussi passé des messages forts qui condamnent les violences faites au femmes. L’art et les expressions vont de pair dans cette révolte et c’était visible d’autant plus que même dans les réseaux sociaux, de nombreux citoyens se sont servis des couleurs noirs et des idées créatives pour exprimer leurs indignations.
Il s’agit d’une forme de communication pour cette génération qui cherche à exprimer sa volonté de vivre dans un monde prospère et digne. Et pour une fois de plus, l’art est devenu incontournable.