N'Djamena, Tchad   art-creativie@artistetchadienne.org

Femme tchadienne: Femme d’hier, femme d’aujourd’hui

Septuagénaire, Baba est un maçon professionnel, qui a appris son métier dans les sinuosités de l’ancien Tchad. N’Djamena s’appelait encore Farlamy (fort-lamy) quand il posa la brique de sa première habitation. Père de huit filles, il est aujourd’hui en retraite et vit au quartier Ndjari où il s’est reconverti en super fan de l’équipe de foot espagnol, le réal de Madrid. Et même s’il aime commenter les match de la league des champions, s’exprimer sur le sujet de la femme au sens passé et actuel, le passionne autant.

 

Depuis notre jeunesse, le Tchad a beaucoup évolué même si on réssent ces changements beaucoup plus dans la capital que dans les régions réculées. D’ailleurs quand je rentre au village je replonge dans les souvenirs du passé : les mêmes décors, les mêmes mets culinaires, les mêmes ambiances. Par contre les vêtements ont un peu changé. Vous savez à notre époque, l’homme offre à son épouse le gabak (tissu en godon) pour toute l’année. La femme toute heureuse, le repartie en pagnes qui seront régulièrement portés jusqu’à son usure parfois pendant un ou deux ans. Aujourd’hui les vêtements sont colorés, portent des motifs et les styles sont variés.

Les conditions de la femme tchadienne aujourd’hui, n’est pas la même avec celle de nos mamans il y a de cela soixante ans. Si on observe intelligemment, nous nous rendons compte que de nos jours la femme tchadienne est mieux outillée pour faire entendre sa voix. Mais cela ne veut pas aussi dire que les ainées n’ont rien fait. Certaines se sont battues, imposées et ont donné l’exemple. Mme Bintou Malloum en est l’exemple.

 

Ma mère est un réel modèle pour moi, car malgré les difficultés auxquelles nous nous sommes confrontées à l’époque, elle s’est battue pour nous éduquer, moi, mes frères, ainsi que mes sœurs. Jeunes, on était au four et au moulin pour l’aider . On ne disait jamais « je suis un garçon, et je ne dois pas faire ceci, je ne dois pas faire cela » juste parce qu’on ne le pense pas. Hier encore quand j’avais de la force (rire) je n’hésitais pas à tourner la boule pour mon épouse. Et je suis fier aujourd’hui de voir mes filles pérenniser cette conduite. Gérer une maison et gérer une famille demande beaucoup de patience et une certaine responsabilité. Et beaucoup de sœurs tchadiennes sont dotées de cette noble qualité. Et je les encourage à l’entretenir car c’est une des valeurs de nos traditions.

Avec le recul, et si seulement on pourrait remonter le temps, la seule chose que j’aurais souhaité encourager ma mère et mes sœurs de faire, s’est de s’instruire. J’envie la vie de ceux qui ont osé faire confiance à leurs enfants. Aujourd’hui les contrastes entre la vie de celles qui entreprennent et celles qui croisent les bras et attendent sont très marqués.

 

Je suis contre les violences faites aux femmes tout comme je suis contre les femmes qui au nom de l’émancipation, manquent du respect à leurs conjoints. Je suis presqu’à la fin de ma vie ; J’en ai vu et vécu assez. Alors j’encourage les parents d’à présent à mieux éduquer leurs enfants, c’est à dire dans le bons sens pour faire de notre Tchad un pays agréable où tout le monde se sentira en sécurité et vivra sa vie dans des conditions humaines.

Textes et illustrations : Salma Khalil