On en parle peu au Tchad. On trouve aussi très peu de récits sur la toile. Pourtant c’est aussi grâce à leurs bravoures et à leurs sens de sacrifices que voilà le Tchad a obtenu son Indépendance.
Les fêtes nationales, en particulier celle de l’Indépendance, est l’occasion de leur rendre un vibrant hommage en orientant le projecteur sur leur glorieux parcours.
Le 26 décembre 2018, le Président se Sénat Français Gérard Larcher en compagnie d’une forte délégation, leur a rendu visite, au foyer du combattant, comme ses autres prédécesseurs.
Comme Hamit Issal, Alio Daoussane, Adamdi Garboa, Hisseine Risslane, Karim Adji, est un tirailleur tchadien de l’armée coloniale française, appelée communément tirailleurs sénégalais. Ils étaient nombreux à avoir contribué à écrire l’histoire du monde. A défendre le nom du Tchad, parmi tant des pays engagés dans les guerres qui ont révolutionné notre présent. A l’occasion des 60 ans de la fête d’Indépendance du Tchad, nous allons dresser son portrait.
Karim Nadji, a été engagé dans l’armée française le 12 mars 1948 à Melfi dans la ville de Salamat. Sous le numéro matricule 18184.
Né dans les années 20, le jeune nourrissait très tôt l’ambition de devenir fonctionnaire car en ce temps –là la plupart des fonctionnaires, infirmiers, chauffeurs, éducateurs sont sénégalais, burkinabé, congolais et camerounais.
Lorsqu’il atteint l’âge requis, il se fait enrôler volontairement dans l’armée, en tant que tirailleur sénégalais. Ce fut aussi la période où la situation en Asie du Sud-Est, se dégradait. Le conflit opposant la France à une partie de l’Indochine prenait une tournure sérieuses et la situation nécessitait donc le renforcement des hommes sur les terrains. Pour Karim, il s’agit d’une belle occasion. Ce recrutement est le pont qui va lui permettre concrétiser son rêve.
Après les visites médicales, l’étape importante pour être accepté, il rejoint ainsi les autres recrus de l’armée coloniale françaises et suis les jours suivant des instructions théoriques et pratiques.
En 1949, Karim et ses frères d’armes de la 8e compagnie, quittent Ati pour Fada. Plusieurs mois dans le désert parmi les dromadaires, les oasis pour lutter contre les Khababich. Des groupes de bandits nomades très organisés et armés qui quittent l’Afrique de l’Est pour voler les dromadaires au Nord du Tchad. A cette époque. Karim et ses compagnons sont chargés de patrouiller la région pour surveiller le territoire.
Sa future mission est un long itinéraire qui va démarra à Douala en passant par N’Gaoundéré pour atteindre la France. Il va à Bordeaux au camp à Fréjus et Nice où il bénéficie des instructions. Ils acquièrent pendant leurs formations militaires les leçons qui font un bon soldat. Il apprit aussi le sens de la discipline, du dévouement et de l’honneur. Le voyage continue jusqu’à Sedan puis à Marseille. C’est ici que la plus part des troupes de l’AEF et l’AOF se rencontrent avant de s’embarquer pour l’Indochine le 2 décembre à bord du SS pasteur. Il s’agit d’un immense paquebot qui pouvait contenir beaucoup d’hommes.
En Indochine, pays d’Asie au Sud –Est Karim et ses frères d’armes affectés dans une unité ont du faire face à des attaques et parfois des batailles rudes.
Alors que certains des confrères sont portés disparus ou morts, Karim rentre plus tard saint et sauf au Tchad. Il est décédé en mai 2020 au quartier Mardejendaffack parmi les siens.
Ce Tchad, notre pays, a le devoir de graver les gloires de ces hommes sur tous les supports possibles pour que leurs récits, ne sauraient être jamais oubliés. Ces récits doivent servir de travaux pédagogiques, des ateliers dans les établissements scolaires, des débats dans nos antennes et s’imprimer sur les murs de notre musée. Des monuments nationaux en leurs honneurs doivent être érigés. « Penser » aux familles, comme l’ont fait de nombreux pays, le grand Tchad pourrait l’accomplir.
Nous devons préserver et transmettre aux jeunes générations la mémoire de ses fils et filles qui ont connu le feu, les marécages, la mort, le calvaire et tant de mésaventures. Il est aussi de notre devoir, nous, citoyens tchadiens de valoriser notre histoire et nos Ancien combattants des grandes guerres.
Illustration – photo et texte : Salma Khalil