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Tchad culture: Une étoile en forme d’accessoire appellée Marboutaye.

Il n’est pas rare de rencontrer des femmes en lafaye ou en tenue moderne arborer, en plus d’autres accessoires (montres, bijoux ou bracelets) qui ornent leurs poignets, attacher un fil en coton de couleur rouge, blanc ou vert muni d’une ou de plusieurs perles en pierre. Ces pierres sont ce qu’elles appellent KharazayeMarboutaye (au singulier) et Marbate au pluriels. Ces appellations sont d’origine arabe et signifie « attaché(e) ». Au-delà des valeurs esthétiques et traditionnelles africaines qu’elles représentent, ces pierres impliquent des croyances spirituelles associées au sort vital de celle qui la porte.

Ces perles, en minéraux, ont de formes irrégulières en raison de leurs âges. Plus elle est usagée, plus la valeur de la perle croît en considération car on l’estime capable d’avoir un lien spirituel plus fort. Cette pratique remonte depuis des générations. Ainsi, ce sont souvent les mères qui choisissent les perles pour leurs filles. Quand la perle est blanche, on dit qu’elle est laiteuse (nom qui la désigne en arabe). Quand elle est rougeâtre, on dit qu’elles sont constituées de miel et de dattes (nom qui la désigne en arabe). Evidement ces affirmations relèvent de la pure spéculation de la part des femmes adeptes de cette pratique, mais elles révèlent aussi l’affection que ces femmes portent à ces pierres. Les composantes varient en fonction de la couleur de la pierre. Aussi, le choix de cette dernière se fait en fonction du statut de la personne à qui elle est destinée. Le statut prime également dans le choix : première épouse, deuxième épouse, femme célibataire d’un certain âge, divorcée, jeune fille etc. Les critères de choix de la Marboutaye sont entre autres : la forme, la taille la couleur, les lieux de provenance, ses performances antérieures etc.

En générale on dit que c’est la pierre qui choisit. Elle va vers sa potentielle porteuse à sa manière, selon un itinéraire qu’elle élaborerait elle-même. « Ma mère a trouvé sa pierre au bord du lac Tchad, un jour où elle est allée chercher de la spiruline. » disait un octogénaire, gérant d’une entreprise. Si la mère de cet entrepreneure a trouvé la sienne au bord du lac, les autres femmes en générale cherchent les siennes, essentiellement dans le gésier du volaille qui est passé aux peignes fins, pendant son nettoyage. Elles accordent un temps particulier pour fouiller minutieusement les débris de sables et d’autres déchets en vu d’identifier la moindre perle peu importe sa taille.

Une fois cette étape franchie, la pierre est soit achetée, trouvée ou offerte Une fois la pierre en main, elle n’est pas immédiatement portée. Pour savoir si elle est vraiment destinée à la porteuse, elle doit avant tout par un « test de confirmation ». Il s’agit de l’immerger dans du lait caillé, de la farine, du miel ou autre.

Après une ou deux semaines de bain quelque part dans un endroit frais (sous le canari en général), la pierre est nettoyée au sec. Ensuite vient la dernière phase, celle du rêve. La pierre est glissée sous le coussin, toute les nuits jusqu’au jour où un rêve vient trancher, celle du port de la pierre. Si le rêve est positif, cela présage un bon signe pour la porteuse. Mais si le rêve s’avère négatif, il faut immédiatement s’en débarrasser. La pierre pourrait être à l’origine d’un mauvais sort.

lafaye (sorte de long voile qui couvre tout le corps)

Réalisé avec la contribution d’Abdelnassir Khalil – Master en anthropologie.