Le Tchad, pays d’Afrique subsaharienne situé au cœur du continent porte l’amour des parfums boisés, mise en pratique par les tchadiennes selon des manières variées. L’usage des bois parfumés est un héritage ancestral légué par nos aïeux. Ainsi quand on va dans les régions du nord, on découvre le mougour. C’est une pratique traditionnelle qui consiste à enfumer le corps par des procédés traditionnels à partir des bois qui portent un parfum. Généralement, les femmes creusent des trous dans un lieu choisi de la maison. Lors de l’enfumage, elles couvrent totalement le corps d’un drap en tissu lourd afin de ne pas laisser s’échapper la fumée et lui permettre de pénétrer le corps de la femme. Un rituel qui selon les pratiquantes comporte beaucoup de vertus positives et offre au corps une bonne odeur.
Dans la région du Guéra, c’est à dire vers le Centre, centre Sud, les femmes adoptent aussi des rituels de parfumage de corps ou des maison. Les bois utilisés sont originaires de la région. Ainsi, les femmes sortent pour récolter les bois qui s’appellent talha, darott et d’autres moins connus. Il y a aussi le houmar marmatt qui dégagent une odeur d’agrume et utiliser pour chasser les insectes et offrir une odeur agréable aux habitations. Certains utilisent également des pétales de fleurs à essence forte pour le frotter dans certaines parties du corps.
Avec la mobilité, les échanges commerciaux et les brassages culturels, Tchad a continuellement enrichi ses savoir-faire et embrasser de nouvelles habitudes. En raison de sa position géographique, le Tchad est devenu un carrefour incontournable où les cultures se rencontrent et se marient. Sur les meubles des tchadiennes, un nouveau type de parfum s’appelant Khoumra est venu s’ajouter.
Le khoumra contrairement à un autre parfum, est une résultante d’un ensemble de produits. Celles dont j’ai connus et j’utilise sont de couleurs brunes obscures ou brun clair. Comme beaucoup de tchadiennes qui l’utilisent, il m’a été transmis aussi par génération. Ma mère, mes grand-mères, mes tantes et arrière grand-mère l’utilisaient déjà. Plus qu’une arme de séduction, détenir du khoumra dans sa penderie est aussi un signe d’attention et un symbole de féminité.
Comme beaucoup de tchadiennes, ma mère fabrique son propre khoumra, comme il lui a été enseigné par sa mère. Depuis mon enfance, je l’ai toujours vu faire. Je me rappelle l’avoir vu associer des pelures d’agrumes comme l’orange. Au moment où on vivait à Maüdougouri dans les années 80, beaucoup de ses amies étaient des soudanaises. Elles appréciaient beaucoup son khoumra et viennent se ravitailler régulièrement.
Le khoumra dégage une odeur douce et agréable. Elle est appliquée sur les cheveux, le corps mais attention pas sur des vêtements blancs ou clairs car il peut laisser des tâches. C’est un parfum traditionnel fabriqué à partir d’eau de Cologne, de missik, de bois de santal réduit en poudre, de douffour (coquillage/moule), parfum huileux , du mahalab, d’agrumes, etc.