N'Djamena, Tchad   art-creativie@artistetchadienne.org

Stylisme au Tchad: Immersion dans Camaraland

Dès l’âge de 8 ans les ciseaux, la machine à coudren les fils et les aiguilles ont remplacé ses jouets. Et comme si cela ne suffisait pas, à 12 ans il manage un atelier et emploi ses premiers collaborateurs. Aujourd’hui, il est devenu l’un des hommes avéré de la mode tchadienne qui redore le Tchad au delà des frontières. Il est fondateur de l’entreprise Camara Création dérivée de son propre nom Hissein Adamou Camara. Un artiste réputé sur le plan international pour ses designs simples et originaux qui racontent son goût pour la rigueur et la culture.

Personnage ambitieux, sa vision futuriste de la mode tchadienne l’a conduit sur la voie du Festival Fesmott. Mais derrière cette force de la nature veille l’ombre d’une femme qui a inspiré notre artiste.

Aujourd’hui Camara décide de s’exprimer ouvertement sur sa personne, son travail, ses projets et surtout sur le festival Daar qui a fait coulé autant d’encres et de salives. Bonne immersion dans Camaraland

Qui est Hissein Adamou Camara ?

Hisseine Adamou Camara est un styliste, Créateur de Mode Tchadien, dépositaire de la marque Camara Création. Titulaire d’un MBA en Finance, et d’une Licence en Comptabilité, il est expert-comptable consultant. Depuis son très jeune âge, dès ses 8 ans il travaille dans le métier de couture sous coaching de sa grand-mère maternelle qui veut qu’il apprenne un métier manuel pour être sûr d’avoir du travail. À 12 ans il est chef d’atelier et emplois ses premiers collaborateurs.

Votre grand – mère a joué un rôle important sur votre « devenir ». Parlez – nous de son travail.

Ma grand-mère était une femme très influente dans la famille. Commerçante et très impliquée dans mon développement personnel, son engagement aux cotés de mon enfance à contribuer à ma réussite. Beaucoup de perspectives se sont ouvertes à moi progressivement. Et parmi ces portes il y avait celle de la couture.

Que réponds-tu à ceux qui disent « Il n’y a rien au Tchad » ?

Le Tchad est un vaste territoire de 1 284 000 km², terre de diversité dans laquelle toutes les composantes de la nature y sont échantillonnées. Source intarissable d’inspiration, le Tchad peut remplir les yeux du commun de mortel quant à l’expression originale de la culture de son peuple.

Avec un peuple d’orfèvres, de tanneurs, de forgerons, d’artisans, de sculpteurs, de tisserands, des peintres et d’artistes de grands talents qui attendent juste une véritable politique de promotion. Pour ceux qui disent qu’il n y a rien au Tchad c’est comme dire que l’océan est sec !

S’il faut qualifier le Tchad à une création artistique, comment le représenteriez vous ?

Ce sera un tapis aux couleurs de paradis.

En quoi la mode peut elle devenir un atout de développement ?

La mode est tout ce qui est beau et propre. Le développement va en rendre propre et beau tout ce qui ne l’est pas. Aimer la mode c’est amener les gens à se développer et ce, dans tous les sens : ceux qui aiment la mode travaille beaucoup pour s’en procurer, la mode en retour crée de l’emploi et vend. Les gens propres et beaux en créent les mêmes conditions autours d’eux.

Penses-tu que la culture pourrait redorer l’image du Tchad à l’échelle mondiale ?

La culture est l’un des éléments importants pour vendre l’image du Tchad à l’extérieur, car le Tchad fait bon écho à travers ses fils qui défendent les pays amis partout, les gens ont besoin de découvrir le Tchad autrement. Le Tchad doit faire cet effort pour imprimer sa marque.

Comment l’idée de ce festival a t-elle germé ? Quel est son objectif. Qu’est ce qui identifie FESMOTT de Kelou Fashion ?

Personnellement j’ai été témoin des plusieurs soirées des nations où tous les pays ont quelque chose à montrer coté vestimentaire, mais nous tchadien on reste à cheval entre le Sénégal, le Mali, le Soudan, l’occident ou l’orient : voilà l’idée du FESMOTT est de corriger ce souci identitaire d’où des voyages d’explorations et de recherches à l’intérieur du pays.

Qu’espérez vous du festival ? En êtes vous satisfait ?

Un véritable tremplin économique, social et culturel et un véritable espace de promotion de la mode Africaine et Tchadienne. Je suis plus que satisfait même si des efforts restent à faire pour les prochaines éditons.

Parlons maintenant au Festival qui a fait coulé autant d’encres et de salives. Qui est l’initiateur et quels sont les objectifs de ce festival que vous avez dénommé « Daar « ?

Daar c’est le village artistique du Festival de Mode et traditions tchadiennes initié par nous organisateurs du festival de mode et traditions tchadienne dont le ministère de la culture a récupéré Tambour battant en son nom et institutionnalisé le 21 mars 2019 en conseil des ministres sous le nom de Dary ( FESTIVAL NATIONAL DES ART ET DES CULTURES ) .

L’objectif est de mettre un Tchad culturel en miniatures dans un espace commun afin de permettre aux tchadiens de se retrouver et ainsi exposer aux yeux du monde les différents richesses culturelles, les accoutrements, les Modes de vie culturelle, cultuelle, les matières brutes et raffinées afin de faire voyager les tchadiens dans le temps en leur faisant découvrir le style de vie anciens jusqu’à l’époque contemporaine.

A quel moment vous êtes vous rendu compte que votre projet à été détourné ? Quelque chose vous a t-il paru suspect  bien avant?

Après moult tractations avec la madame la Ministre Madeleine Alingué : elle nous a donné l’impression d’une ministre intéressée et qui tient à la bonne réalisation de l’événement. Et de plus en plus exigeante. Puis elle a su récupérer un de nos membres du comité de réflexions comme consultant et vient donc exiger de nous de lui remettre tout le travail jusqu’au déroulé des événements afin de s’assurer que nous sommes fin prêts. On s’est trouvé obligé de tout donné. Une fois tout prendre elle ne réagit plus à nos demandes d’audiences puis de transmettre notre demande de parrainage au président de la République. On se retrouve coincé et le temps presse pendant que nos invités viennent des quartes coins du monde. On ne pouvait pas commencer la communication malgré qu’on ait commencé par vendre le projet aux partenaires et louer nos stands. C’est comme ça qu’on s’était trouvé obligé nous même d’écrire à plusieurs reprise à la présidence pour demander le parrainage. La première dame accorde le parrainage et la Ministre vient tout faire pour étouffer l’écho de l’événement en bousculant nos programmations, en refusant de nous aider à avoir la place de la nation, en bloquant les billets transmis à elle pour les membres du gouvernement etc. Nous nous sommes rendu compte du détournement juste à 3 semaines du déroulement du FESMOTT qu’elle a bousculé pour récupérer le contenu qu’elle a annoncé dans une conférence de presse en mi-novembre 2018. Aussitôt nous avons informé la présidence en citant notre rapport déposé bien avant en référence.

Quel sentiment aviez vous ressenti en apprenant que votre projet avait été détourné ? Qu’est ce que vous attendiez de la Justice ?

Il y’avait assez des choses louches comme le refus d’inviter des officiels jusqu’à ce que les membres du gouvernement viennent payer des tickets à l’entrée de la grande soirée Apothéose. C’est fut la honte au ministère qui s’est dépêché pour venir payer les entrées la place du Ministre Secrétaire Générale du Gouvernement Mme Mariam Mht Nour. Suspect tout le comportement affiché et le refus de parrainer et chercher à être visible comme principal appui de l’événement. Comportement qui nous avons conduis à très vite déposer le rapport à la présidence et dénoncer les faits. Nous nous sommes du coup rendu compte que 20 000 000 de CFA engagé par la présidence pour soutenir l’événement ont été dissimulés par madame la Ministre pour l’encaisser le moment venu.

 Un sentiment de déception sans égal. On n’imaginait jamais travailler pendant plus d’une année sur le projet, voyager le Tchad profond , commencer par matérialiser le tout pour qu’un cerveau vide et haut placé vienne nous le voler en main armée.

On attend que le droit soit prononcé même si au tribunal on nous a clairement affiché qu’il n’ y aura pas de justice au Tchad , on ira jusqu’au bout .

 

Propos recuillis par Salma.K – Image par Nedjet Modestie & Wazina Gadam